C'est un gars, son nom c'est Narcisse et en ce moment, il a envie de sortir avec une fille qui s'appelle Julie . Il lui demande si ça lui dirait d'aller au cinéma; elle accepte.
La soirée se passe très bien. Quelques jours plus tard, il lui demande si ça lui dirait d'aller au restaurant; elle accepte; une fois encore, ils passent une bonne soirée. Ils continuent à se voir régulièrement pendant un moment, jusqu'à ce que finalement, toutes leurs sorties à l'un comme à l'autre se fassent ensemble.
Du coup un beau soir, alors que Narcisse raccompagne Juli chez elle, une pensée vient envahir l'esprit de Julie, et sans vraiment réfléchir, elle dit tout haut:
- Est-ce que tu réalises que ce soir, cela fait six mois que l'on sort ensemble?
Et alors, ce fut le silence dans la voiture. Pour Julie, ce fut un long, très long silence.
Elle pensa: 'Aie! Je me demande pourquoi je lui ai demandé ça. Peut-être se sent-il un peu comme emprisonné par notre relation, peut-être pense-t-il que j'essaie de l'obliger à faire quelque chose qu'il n'a pas envie de faire, ou qu'il n'est pas encore sûr de pouvoir prendre.'
Et Narcisse pensa: 'Merde alors! Déjà 6 mois'
Et Julie pensa: 'Mais je ne suis pas sûre que je veuille continuer ce genre de relations, moi. Quelquefois, j'aimerais savoir vers quoi nous allons tous les deux.... Allons nous toujours rester à ce degré d'intimité actuel, allons nous nous marier? Aurons nous des enfants, passerons nous la vie ensemble? Et puis, est-ce que je le connais vraiment finalement?'
Et Narcisse pensa: '... alors ça veut dire qu'on était... voyons voir... oui c'est ça, Février quand on a commencé à sortir ensemble. C'était juste après avoir acheté la voiture, ce qui signifie ... regardons un peu le compteur... Wow! J'aurais dû faire la vidange depuis longtemps!'
Et Julie pensa: 'Il est énervé. Je peux le voir sur son visage. Peut-être est-ce que je me trompe complètement. Peut-être veut-il que notre relation soit beaucoup plus forte, beaucoup plus intime... Et c'est pour ça que je sens de la réserve de sa part. Oui, je parie que c'est ça, c'est pourquoi il parle très peu de ses propres sentiments: il a peur d'être rejeté.'
Et Narcisse pensa: 'Et j'en profiterai pour jeter un coup d'oeil à la transmission. Bien que ces abrutis m'aient dit que tout était réglé maintenant, moi je sens bien que ça craque toujours un peu. Et qu'ils ne viennent pas me dire que c'est du au temps froid. Même quand il faisait 25 degré dehors, ça le faisait. Quand je pense que j'ai payé la réparation de ces voleurs 3 000 ff!'
Et Julie pensa: 'Il est en colère. Et je ne peux pas lui en vouloir. Je serais en colère aussi à sa place. Mon Dieu, je me sens coupable de le mettre dans cet état, mais je suis obligée: moi non plus je ne me sens pas sûre de notre relation.'
Et Narcisse pensa: 'Ils vont probablement dire que la garantie ne couvre que 90 jours après la réparation. Ouais! c'est exactement ce qu'ils vont dire les salauds!'
Et Julie pensa: 'Peut-être est-ce que je suis trop idéaliste... Quelle idée d'attendre un chevalier qui viendrait sur son cheval blanc... Alors que je suis ici à côté de la bonne personne, une personne avec qui j'ai du plaisir à passer tout mon temps, une personne pour laquelle j'ai de l'attention et qui semble aussi avoir de l'attention pour moi. Une personne qui a de la peine maintenant à cause de mon attitude égocentrique de petite fille romantique!'
Et Narcisse pensa: 'Garantie? Ils en veulent une de garantie? Je vais leur en donner une! Je vais prendre leur garantie et je vais la leur coller dans le....
'Narcisse !' dit Julie tout haut.
'Quoi?' répondit Narcisse effrayé.
'S'il te plaît, ne te torture pas l'esprit comme tu le fais en ce moment' dit Julie et elle ajoute sans pouvoir finir ses phrases: 'Peut-être je n'aurais jamais du ... Oh mon Dieu, je me sens si ... ' et ses yeux se remplissent de larmes tout en parlant.
(Julie se taisait maintenant, et elle sanglotait)
'Qu'est-ce qu'il y a?' dit Narcisse.
'Je suis tellement bête' dit Julie en sanglotant. 'Je veux dire, je sais bien qu'il n'existe pas de chevalier;. je le sais bien que c'est stupide. Il n'y a pas de chevalier, pas plus qu'il n'y a de cheval'
'il n'y a pas de cheval?' demanda Narcisse abasourdi
'Tu me prends pour une folle, n'est-ce pas?' demanda Julie
'Non!' dit Narcisse, très content d'être sûr de donner la bonne réponse.
'C'est que ... C'est que je ... J'ai besoin de temps.' dit Julie.
(Il y eut alors une pause d'une quinzaine de secondes pendant lesquelles Narcisse, essayant de réfléchir aussi vite qu'il le pouvait, essayait de trouver la réponse adéquate à ce que venait de dire Julie. Finalement, il pensa avoir trouvé et reprit la parole...)
'Oui' dit Narcisse
(Julie très émue lui prit la main)
'Oh, Narcisse, tu penses réellement la même chose que moi?'' dit-elle
'À propos de quoi?' demanda Narcisse
'À propos du temps' dit Julie
'Oh' dit Narcisse, 'Oui bien sûr'
(Julie tourna alors son visage vers celui de Narcisse et le regarda alors profondément dans les yeux, ce qui le rendit très nerveux à propos de ce que Julie allait dire lorsqu'elle parlerait, surtout si il y avait le mot 'cheval' dans l'histoire. )
'Merci Narcisse' dit alors Julie
'Merci' dit Narcisse.
Puis Narcisse ramena Julie chez elle, et elle se coucha sur le lit, son âme en conflit, torturée, et des larmes plein les yeux.
Alors que pendant ce temps, Narcisse, en rentrant chez lui avait ouvert un paquet de chips, avait allumé la télé, et s'était tout de suite plongé dans un match de tennis qui opposait un serbe et un roumain dont il n'avait jamais entendu parlé auparavant. Une petite voix lui disait bien que quelque chose d'important s'était joué tout à l'heure dans la voiture, mais il était à peu près sûr que comprendre de quoi il s'agissait n'était pas à sa portée, et donc, il avait décidé que le mieux à faire était de ne plus y penser.
Le lendemain, Julie appela au téléphone ses amies les plus proches, et elles parlèrent de leur situation à elle et à Narcisse pendant toute l'après-midi.. Elles passèrent en revue tout ce que Julie avait dit, tout ce que Narcisseavait répondu, considérant chaque mot dit par l'une et par l'autre, essayant d'en déduire toutes les implications.
Elles continuèrent à parler de ça pendant des semaines, peut-être des mois, sans se lasser, mais en n'obtenant jamais de conclusion définitive à ce sujet...
Pendant ce temps, Narcisse, un jour qu'il jouait au squash avec un ami commun à lui et à Julie, s'arrêta juste avant de servir et demanda:
'Dis donc Patrick, est-ce que Julie possède un cheval?'
Lun 29 Jan - 1:27
